par François Phlippoteau
dimanche 31 janvier 2021
François Phlippoteau, co-Président du Comité régional Auvergne-Rhône-Alpes de l’association « UNICEM entreprises engagées » (affiliée à l’UNICEM, adhérente de la Plate-forme 21), nous présente la charte RSE « UNICEM entreprises engagées ».
PF21 : Avant d’aborder la démarche « charte RSE », pourriez-vous nous rappeler ce que sont l’UNICEM et l’association « UNICEM entreprises engagées » ?
François Phlippoteau : L’UNICEM est une fédération interprofessionnelle. Elle réunit des entreprises qui fabriquent des matériaux de construction (ciment, béton…) et des entreprises qui extraient la matière première nécessaire à la fabrication de ces matériaux, c’est-à-dire des carrières.
En 2004, la fédération a créé une association pour piloter les démarches de progrès de la profession et renforcer les relations avec les acteurs des territoires. C’est l’association « UNICEM entreprises engagées », dont je copréside le comité régional Auvergne-Rhône-Alpes.
PF21 : Vous allez nous parler de la charte RSE « UNICEM entreprises engagées ». Qu’entend-on par RSE à l’UNICEM ?
F.P. : La RSE est un engagement volontaire de l’entreprise qui vise un objectif de développement durable.
Notre définition de la RSE – Responsabilité Sociétale des Entreprises – est celle donnée en 2001 par le Livre vert de la Commission européenne : c’est « l’intégration volontaire des préoccupations sociales et environnementales des entreprises à leurs activités commerciales et leurs relations avec les parties prenantes ». Ces parties prenantes, pour les entreprises de l’UNICEM, ce sont leurs clients, leurs fournisseurs, les acteurs des territoires où elles sont implantées, leurs partenaires et leurs salariés.
PF21 : Pourquoi l’UNICEM a-t-elle souhaité développer sa propre charte RSE ?
F.P. : L’UNICEM dispose depuis 2004 d’une « charte environnement », qu’elle a créée pour inciter ses adhérents à développer des pratiques plus respectueuses de l’environnement, dans un esprit de dialogue avec les collectivités locales, les riverains, les associations environnementales...
Avec la charte RSE « UNICEM entreprises engagées », elle souhaite les inciter à aller plus loin dans leur réponse aux attentes de l’ensemble de la filière et de la société. Cette charte leur permet d’intégrer les préoccupations humaines et sociétales des territoires, en plus de celles relatives à l’environnement, pour s’inscrire dans une approche plus large, de développement durable.
L’UNICEM a souhaité créer sa propre charte pour que les entreprises disposent d’un outil vraiment adapté aux spécificités de la profession, qui tient compte de l’hétérogénéité des entreprises et qui leur permette de structurer et de valoriser leur démarche RSE.
PF21 : Une charte « sur-mesure » en quelque sorte ?
F.P. : oui, et c’est très important pour encourager les entreprises à progresser. Plus les spécificités des conditions d’exercice de l’activité sont prises en compte, plus les préconisations sont adaptées, plus les entreprises voient clairement ce qu’elles peuvent faire pour évoluer dans le bon sens, ce qui facilite le passage à l’acte.
PF21 : Quels sont les enjeux pour les entreprises et pour la filière ?
F.P. : On le voit bien, les attentes en matière de responsabilité sociétale sont de plus en plus importantes.
Nos adhérents sont par exemple fournisseurs de grands groupes, comme la SNCF ou Michelin, qui ont déjà franchi le pas de la RSE. Si nos entreprises veulent répondre à leurs appels d’offre, elles doivent prouver leurs bonnes pratiques en matière de RSE. C’est pourquoi notre ambition aujourd’hui est de faire reconnaître la charte « UNICEM entreprises engagées », par l’obtention d’un label d’État RSE sectoriel.
L’objectif est de faire de notre charte RSE un vecteur de progrès et d’innovation pour la profession, comme a pu l’être notre « charte environnement », un vecteur qui l’aide à passer un cap en anticipant les attentes émergentes.
Enfin, la charte RSE permet aussi de montrer la diversité des contributions des entreprises au développement de leurs territoires, que ce soit par leurs actions en faveur de la formation, de l’emploi local, de la sécurité ou de l’économie circulaire (recyclage, valorisation, éco-conception, écologie industrielle), etc.
PF21 : Concrètement, quels sont les domaines de progrès sur lesquels repose par la charte RSE ?
F.P. : La charte apporte un cadre de réflexion pour l’action, avec une méthodologie pragmatique et opérationnelle qui propose un cheminement pour intégrer à la fois les enjeux à l’échelle de l’entreprise (exploitant de carrière, d’Unité de Production à béton) et à l’échelle du territoire dans laquelle l’activité est ancrée. Son référentiel reprend et décline les grandes lignes de l’ISO 26 000, tout en s’adaptant aux spécificités de la profession. Il est organisé autour de 5 axes thématiques :
• la gouvernance : cet axe concerne la stratégie et la politique RSE de l’entreprise, la définition et l’évaluation de ses performances grâce à des indicateurs spécifiques. L’ évaluation et l’amélioration continue s’effectuent au niveau du plan d’action de l’entreprise, mais aussi du référentiel que nous faisons évoluer en parallèle ;
• le capital humain : par exemple, les fiches de fonction des salariés sont entièrement revisitées à la lumière de la RSE ;
• l’environnement : la charte RSE réintègre en partie les exigences de la « charte environnement » qui s’applique à l’échelle de chaque carrière, et étend la réflexion à l’échelle de la société, qui peut être propriétaire de plusieurs sites ;
• l’ancrage local : il s’agit des relations avec les acteurs et partenaires locaux, le voisinage. La « charte environnement » a permis de développer la concertation avec les acteurs locaux. Il s’agit de poursuivre dans ce sens, en élargissant l’échange à de nouvelles problématiques ;
• les relations « clients / fournisseurs / consommateurs » : il est question par exemple de la satisfaction des consommateurs, des exigences à se donner pour choisir nos fournisseurs, en privilégiant par exemple ceux qui ont certaines pratiques et la proximité géographique.
PF21 : Comment se passent les évaluations ?
F.P. : Les entreprises sont évaluées par des auditeurs extérieurs accrédités (Afnor ou autres) sur leurs pratiques et leurs performances. _ La note globale qui leur est attribuée traduit leur positionnement sur quatre axes : l’engagement, le progrès, la maturité et l’exemplarité.
Ces évaluations sont des temps intéressants d’échange sur les pratiques, qui s’inscrivent dans une logique d’amélioration continue.
PF21 : Combien d’entreprises adhèrent à la charte RSE ?
F.P. : Le terme de RSE est moins parlant que celui de l’environnement, il est perçu comme un peu barbare par bon nombre de professionnels. Ils sont donc moins à l’écoute, mais nous progressons petit à petit. En Auvergne-Rhône-Alpes, 86 sites adhèrent à la charte RSE depuis son lancement en 2019.
PF21 : comment doit procéder une entreprise qui veut se lancer ?
F.P. : Elle contacte l’UNICEM Auvergne-Rhône-Alpes qui lui donne toutes les informations.
Un guide est à mis à la disposition des entreprises et de l’animateur RSE que chacune est tenue de nommer au sein de ses effectifs. Ce peut être le chef d’entreprise ou un collaborateur ; souvent, c’est la personne chargée des questions environnementales.
L’UNICEM régional se déplace sur les lieux pour expliquer la démarche et échanger sur la manière de l’intégrer, compte tenu du contexte de l’entreprise. Ensuite, un auditeur extérieur l’accompagne pour mettre en place la démarche. Les auditeurs suivent de nombreuses entreprises du réseau, ce qui permet d’assurer une certaine homogénéité dans les audits et les préconisations.
Les adhérents de la charte RSE disposent aussi d’une boite à outils en ligne, sur le site de l’UNICEM et les personnes chargées de la RSE dans les entreprises se retrouvent deux fois par an pour un échange de pratiques, qui est au cœur du dispositif. Ces rencontres sont organisées en région, par les Comités régionaux « Charte RSE / Charte environnement ».
PF21 : L’UNICEM adhère à la Plate-forme 21 depuis 2013. Que peut faire cette dernière pour contribuer à cette action en faveur du développement de la RSE ?
F.P. : Ce que j’aime beaucoup à la Plate-forme 21, c’est qu’elle permet de sortir de « l’entre soi » en nous faisant rencontrer des acteurs qui ne sont pas dans nos réseaux habituels. Aussi, pour enrichir nos échanges de pratiques et de réflexions sur les enjeux à l’échelle de l’entreprise et du territoire, j’aimerais contribuer à la mise en place d’un club RSE à la Plate-forme 21. Nous pourrions échanger entre structures adhérentes et nous entraider dans la mise en place d’actions intéressantes tant au niveau social, qu’environnemental.
PF21 : Merci François. L’idée sera soumise aux adhérents ! La RSE, et plus particulièrement l’ISO 26 000, ont été l’un des premiers thèmes de travail de la Plate-forme 21 à sa création en 2008. Nous pourrions tout à fait le revisiter. Pour mémoire, nous avions organisé un colloque fin 2008, puis des ateliers pendant trois ans, pour explorer les axes de la future norme ISO 26 000. Les comptes rendus sont d’ailleurs toujours accessibles sur notre site, ICI.
POUR EN SAVOIR + :
• Site de l’UNICEM : 8 vidéos testimoniales pour mieux comprendre la démarche RSE
• UNICEM Auvergne-Rhône-Alpes : Parc d’Affaires du Moulin à Vent, 33 Avenue du Dr Georges Lévy, 69693 Vénissieux - Tél. 04 78 01 15 15.